Qui était Edith ? Et pourquoi ce site ?
Edith, c'était ma petite soeur.
C'était une jeune fille pleine de vie et de malice. Talentueuse, elle avait tendance à réussir avec une apparente facilité tout ce qu'elle décidait d'entreprendre.
Mais Edith c'était aussi un être complexe, pour elle comme pour les autres. Derrière sa façade de jeune fille parfaite elle cachait un mal de vivre insidieux, sournois, mais terriblement puissant.
Edith est devenue une jeune femme torturée, partagée entre sa volonté de vivre, de profiter des gens qu'elle aime, et la souffrance insoutenable de ce qu'il a bien fallu se résoudre à appeler une maladie.
De psychologues en hôpitaux, de centre d'accueil en centres fermés, nous avons assistés, impuissants, à sa descente aux enfers. Lentement mais sûrement, la maladie a pris le pas sur sa volonté, au point d'en devenir insoutenable. Ce furent alors le temps des crises d'auto-mutilations et des tentatives de suicide.
Consciente de sa maladie et de son état, mais incapable de lutter contre cet ennemi impalpable, elle était obligée pour (sur)vivre d'accepter un soutien médical très lourd. Mais même sous de puissants sédatifs, elle est toujours restée lucide sur sa condition, et sur le déclin permanent de ses capacités, et sur l'étiolement de sa résistance.
Edith ne voulait pas mourir. Elle ne voulait plus souffrir. Et dans son cas cela signifiait ne plus être consciente. C'est alors qu'elle a décidé qu'elle devait partir.
En Belgique, la Loi prévoit le droit à l'euthanasie pour les personnes, qui, comme elle, ne peuvent ou ne veulent plus vivre dans des conditions qui sont médicalement reconnues comme insupportables. Mais voilà, sa famille, comme ses médecins, personne ne l'a écoutée. Personne n'a voulu considérer sa demande. Ou n'en n'a eu le courage.
Ne pouvant se résoudre à continuer ainsi, elle est donc arrivée au constat qu'elle n'avait d'autre choix que celui de partir d'elle-même. Ne lui manquait que la force, et l'occasion.
Le 3 novembre 2011, elle s'est donné la mort dans sa chambre, dans le centre qui l'hébergeait.
Ce site est non seulement une manière de lui rendre hommage, mais également une manière de prolonger son combat. Non pas celui du droit à mourir. Mais celui du droit à l'écoute et à la considération lors qu'on est en droit de demander à mourir.
Ce n'est sûrement qu'une bouteille à la mer, mais plus on en jettera plus il y aura de chance que les autres Edith soient tout simplement entendues. Elles le méritent.
Grégoire, son grand frère.