A voir sur RTL-TVi et RTBF : à la télévision, Lidia et moi, deux signataires de la lettre ouverte, avons témoigné de la souffrance psychique insupportable et sans espoir de proches.
Lidia et moi, deux signataires de la lettre ouverte, avons témoigné de la souffrance psychique insupportable et sans espoir de proches sur un plateau de télévision francophone.
Lidia, dont le mari Adriaan a bénéficié d'une euthanasie pour souffrances psychiques, dans l'émission "C'est pas tous les jours dimanche - RTL-TVi - RTL.be.", Christophe Deborsu : "Euthanasie va-t-on trop loin ?" En Belgique, c'est 2000 personnes qui demandent chaque année l'euthanasie dont 60 pour raisons psychiques. Actuellement, aucune liste de maladies concernées n'existe; en faut-il une? Certains voudraient exclure les maladies psychiques; est-ce une bonne chose?"
Moi, dont la fille Edith s'est suicidée après de vaines demandes d'euthanasie, dans l'émission "Les Décodeurs RTBF", Baudouin Remy, "Souffrance psychique et euthanasie: "Il faut pouvoir aborder la question de la mort avec le personnel soignant"
L'euthanasie pour cause de souffrances psychiques inguérissable, insupportable et sans espoir reste une vaste question. Certainement pour ceux qui ne sont pas en souffrance psychique eux-mêmes. Ceux qui mettent en doute la réalité de ces souffrances parce que pour eux, des tiers, elles ne sont ni visibles, ni quantifiables. Parce que pour eux, débordant de certitudes, elles ne sont pas objectivables. Ceux qui affirment, péremptoires, que toutes les souffrances peuvent être apaisées, qu'elles soient physiques et/ou psychiques.
Notre impression à Lidia et moi, ainsi qu'aux autres signataires de la lettre ouverte, c'est que le grand oublié dans ces débats, souvent virulents et intellectuellement malhonnête de la part d'anti-euthanasies, reste la personne en souffrance psychique elle-même. Aussi longtemps que des tiers continueront à s'exprimer en public à sa place, définirons à sa place ce qu'est une souffrance psychique, détermineront de manière théorique, idéologique, morale... des critères de ce qu'est une souffrance mesurable / quantifiable, acceptable / légale... cette vaste question trouvera peu d'éléments de réponses objectifs...
C'est comme porte-paroles de la réalité de la souffrance psychique d'un proche que nous continuons et continuerons à témoigner. Car oui, la souffrance psychique insupportable et sans espoir existe. S'il vous plaît ne la banalisez pas.
Selon les statistiques belges, il y a 7 suicides par jour en Belgique, dont 6 pour souffrances psychiques. Une statistique dont j'avais peu entendu parler. Les familles se taisent à ce sujet. Elles n'en parlent pas. Peut-être ne savent-elles pas qu'elles pourraient en parler.
Ce n'est pas seulement la Loi sur l'euthanasie qui doit être évaluée, mais son amont et son aval. Comment la souffrance psychique est considérée dans notre société. Et comment cette manière de voir la souffrance psychique influence sa prise en charge thérapeutique.
Et si ? Que de questions commençant par « et si » ne me suis-je posé depuis le départ d’Edith ? Non plus pour Edith qui nous a quitté depuis le 03 novembre 2011, mais pour ces autres jeunes en grandes souffrances psychiques vis-à-vis de qui il reste tant à faire. Si le suicide n’est pas une fatalité, si l’euthanasie n’est pas la seule perspective et si effectivement l’on peut nourrir d’espérances non vaines les personnes en grandes souffrances psychiques quant à un toujours possible avenir plus radieux, alors, il conviendrait de lever des zones d’ombre : (i) quant au regard que porte sur eux la société et le monde médical en particulier ; (ii) quant à la place que leur différence / spécificité leur permet d’occuper dans la société ; (iii) quant à leurs traitements psychiatriques et médicamenteux pour ne pas perdre les dimensions bénéfiques / souhaitables de leur différence / spécificité : (iv) quant à leur accompagnement à court, moyen et long terme pour trouver / retrouver une place / leur place dans la société ; (v) quant à la stigmatisation et aux préjugés dont ils sont victimes et la honte qui en découle car il s’agit d’un processus qui conduit à la mort sociale et à la mort tout court.
Il faut oser poser la question de la mort dans l'accompagnement en santé mentale. Il faut, et il y a urgence, plus de proactivité dans les services psychiatriques. Ce thême de la proactivité fut abordé par plusieurs intervenants et de diverses manières au Colloque de Manage.
Il est certain qu'après avoir permis à la personne en souffrance psychique de formuler ses obsessions de mort le chemin vers la vie semble à nouveau possible par diverses formes de thérapies et d’accompagnement à moyen et très long terme.
S'il vous plaît, évaluez les modalités d’application de la Loi afin que les personnes en souffrances psychiques extrêmes soient guidées vers des thérapies innovantes répondant dans la forme et la durée à leurs besoins spécifiques, qu'elles soient pro-activement suivies et accompagnées, et au cas où il n’y aurait plus d’espoir qu'elles soient guidées vers l'euthanasie et des psychiatres / médecins compatissants.